J’ai été mordue par le théâtre vers 11 ans, pendant un atelier dirigé par un étudiant encore inconnu, Yoann Lavabre. Un monde s’ouvre alors. Il était rempli d’une certaine rigueur –apprentissage classique de la danse, du solfège, du piano… et soudain quelque chose déborde. Une intensité qui rend accroc.
Alors que mes grands-parents, agriculteurs d’un côté, tenant un salon de coiffure de l’autre, vivaient dans la Sarthe, et que mes parents étaient eux aussi loin du milieu théâtral, j’emboite le pas au destin. Au lycée, je convaincs une amie de ma mère de me prêter sa cave, réunis quelques camarades de classe, et mon ancienne prof d’atelier Alexandra Karamisaris et constitue un premier groupe de théâtre. L’expérience aboutit à la création d’Hard Copy, spectacle gore à souhait sur la violence du monde du travail.
Enivrée par cette énergie, juste après mon bac, je suis admise au conservatoire Jean-Philippe Rameau dans le 6ème arrondissement de Paris. Je suis la plus jeune de la promotion et je me rends compte que je n’y connais rien au théâtre. Après deux ans de boulimie de lectures et de spectacles pour rattraper mon retard, je rejoins la formation d'acteurs du Magasin, et je quitte l’université Denis Diderot où j’étudie l’Histoire pour celle de la Sorbonne Nouvelle en Arts du spectacle. Puis je découvre au Studio Muller, une approche du jeu influencée par D. Donellan, P. Brook, M. Knebel, M. Chekhov …. J’y rencontre Thibaut Garçon, marqué par les recherches de Grotowski, qui nous fait travailler le mouvement, le chant, le clown.
Sur scène, j’ai joué des jeunes femmes fragiles et sensibles, des amoureuses éconduites : Elvire dans Dom Juan, Sacha dans Ivanov, Marianne dans les Caprices de Marianne, Joséphine dans Nous les héros de Lagarce. Les années passent et sur le plateau je pleure… de plus en plus…. Même si les larmes deviennent ces derniers temps matière à la comédie, à donner vie à des personnages à fleur de peau, pas très adaptés socialement, un peu maladroits, voire carrément coincés. Alors que je me vois douce, aimante, rassurante, on a aussi tendance à souvent me proposer des rôles de femmes intello, un chouia méprisantes, pour ne pas dire antipathiques. Va comprendre.
J’ai joué dans des spectacles de Julie Guichard, Alain Batis, Urszula Mikos, Nejma Ben Amor, Christian Canot, Jean-Jacques et Victor Guéroult, Valérie Dontenwille…. J’ai tourné sous la direction de Julien Despaux, Philippe Roussel, Philippe Dajoux, Vincent Quester…
Et puis la mise en scène m’a fait de l’œil, d’abord par le biais d’une troupe amateur, avec laquelle j’ai monté La Maladie de la Famille M de F. Paravidino, Sig Sauer Pro de J. Albert, Allers-retours d’O. Von Horvath, Le Mariage de Gogol, Small Talk de C. Fréchette. Professionnellement, j’ai mis en scène Le journal de grosse patate de D. Richard, et Dans la joie et la bonne humeur de S. Levey. En tant qu’assistante mise en scène, j’ai accompagné pendant plusieurs années Grégoire Cuvier et Nebil Daghsen, dont les créations nous ont fait voyager en Tunisie et au Liban. Des collaborations ont également démarré avec Alain Batis et Scali Delpeyrat.
J’ai conservé un goût pour le clown et le chant, qui s’exprime dans les différents spectacles jeunes publics que je joue, et récemment dans le Slow Cabaret porté par la compagnie S’en revient de Thérésa Berger et Selin Altiparmak. J’aime jouer lorsque ça brille, mais j’aime aussi surtout lorsqu’il y a du sens dans la démarche. Je travaille ainsi depuis plusieurs années avec la compagnie de théâtre forum la Mécanique de l’instant, dirigée par Cindy Girard et Lyès Mussati, et joue dans leurs spectacles et créations : l’Effet Mandela, Bouche cousue, Les Caprices de Marianne, Une araignée dans la toile, Un couteau court, Antigone…..
Actuellement, je prépare le tournage du long métrage Eject réalisé par Tiburce, et la prochaine création de Didier Bénureau.